Le combat d'un satagiaire sur son lit de mort

Publié le par Saida

Deuxième lettre de Maxime DANIELOU  (le père d'un stagiaire malade après un accident survenu lors d'un stage à l'étranger) à Nicolas Sarkozy .

Vous pourrez lire la première ici:
http://www.generation-precaire.org/Lettre-de-Maxime-Danielou-a


jeudi 22 novembre 2007, par Generation-Precaire

Maxime DANIELOU

Monsieur Nicolas SARKOZY Président de la République 55, rue Faubourg St Honoré 75008 PARIS

SAINT-MALO, le 13 novembre 2007.

Monsieur le Président de la République,

Je m’appelle Benjamin DANIELOU et je suis aujourd’hui à mon 865ème jour de coma. J’effectuais un pseudo stage international en Thaïlande dans des conditions atroces. Je vais en mourir. Vous le savez.

Voilà trois mois que mon père vous a saisi de dysfonctionnements graves et de carences de la loi qui vont entraîner ma mort (Cf. son courrier du 15 août 2007). Il a rencontré Mme PECRESSE ainsi que le président du « Comité des Stages » qui lui ont témoigné de la compassion et l’ont assuré de leur soutien. C’est tout !

Voici une lettre que j’aurais aimé vous écrire : « Je vais mourir ! Ce que je vous demande, vous, en particulier M. le Président, c’est d’être réactif. Je le suis et je veux l’être autant que les stagiaires qui viendront après moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser la vie. 21 ans tout juste ! Ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Vous qui restez, faites en sorte que les stages soient dignes. Courage ! Votre Benjamin ».

Les termes de cette lettre vous rappelleront un jeune martyr qui vous est cher.

Faites en sorte que je ne devienne pas le Guy MÔQUET des étudiants stagiaires, car aujourd’hui, vous avez le pouvoir d’intervenir sur les évènements.

Comment pouvez-vous admettre la passivité de votre gouvernement sur un sujet aussi grave qui concerne des millions de jeunes et leurs parents.

Saviez-vous que : • Un vague « Comité des Stages » s’est mis en place suite au scandale que ma situation tragique a créé dans les médias. • 80 personnes y débattent de tout, en prenant soin d’éviter de toucher aux des vrais problèmes. • Ils sont en train de se déchirer sur un revenu minimal des stagiaires, alors que nous sommes toujours des « sans papiers de l’entreprise ». • Le problème de la sécurisation des stages n’est même pas à l’ordre du jour. • Je suis content, car je viens d’être reconnu en accident de travail et invalide à 100%. • Je vais percevoir des indemnités journalières jusqu’à ma mort prochaine. • Elles seront égales à 66% de mon salaire, à savoir 66% de ZERO. • J’avais pourtant une espérance de vie de près de 70 ans encore. • Je suis « vivant », mais dans mon état je n’ai plus besoin de rien, pas même d’argent, fort heureusement... • Avant de vous quitter définitivement, je pense à tous ces jeunes qui pourraient se trouver dans ma situation et qui auraient gardé toute leur conscience. • Quelle serait leur vie ?

Mais moi, je n’intéresse plus personne : je ne suis plus qu’un fait divers. Les responsables de ma mort prochaine dirigent toujours mon Ecole, les mêmes dysfonctionnements continuent et les dirigeants de la CCI de St Malo sont d’une arrogance totale envers mes parents qui luttent à ma place.

Je ne sais plus que faire pour amener votre gouvernement à réagir : on m’a même retiré mon droit de vote. Faudra-t-il que mes camarades étudiants descendent dans la rue pour que vos ministres assument enfin les responsabilités qu’ils ont choisies ?

Vous avez des enfants de mon âge. Moi, je vais mourir. Et rien n’aura bougé parce que vous en avez décidé ainsi.

Avant de partir définitivement, je tenais à vous faire part de ma déception.

Recevez, Monsieur le Président, les dernières salutations d’un étudiant stagiaire qui va mourir inutilement.

Pour Benjamin DANIELOU, son père, Maxime DANIELOU

Publié dans Actualité

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